Histoire:Des remous drapent l'eau de quelques reflets diaphanes, une forme se meut non-loin, glissant de cette ondine, s'y jouant le dauphin, sa peaux cuivrée est soudainement éclairée par un impudique rayon lunaire...
Et d'un bras vigoureux, qu'il plonge en ces nocturnes profondeurs, il se rapproche de la berge. Des brumes vaporeuses l'entoure de mystère, dissimulant ses atours d'une réconfortante rempart crémeuse. L'air est glacé, l'homme se presse, comme pressentant de malheureux augures. Il s'habille à la hâte, enfilant chemise qui fut blanche, son kilt si représentatif et la peau de loup qui lui sert de manteaux.
Vite, se saisir de son arc et du reste, la nuit sera longue, des intrus rôdent...
***
Une femme se dresse, immobile, résistant à la fureur des vents. Ses cheveux auburn jouent la tempête, elle reste là, comme figée, son regard glacé au loin, vers d'autres songes, vers d'autres matins... plus heureux? Elle ne sait pas, ce qu'elle sût, c'est que cette nuit fut belle, ce qu'elle espère, c'est que d'autres viendront...
Et dans son ombre, deux tristes mines, une gamine élancée, fière et belle tient la menotte de son petit frère encore chétif. Ils ne se ressemblent guère, sa chevelure rivalise d'or et ses yeux sont aussi glacés que les fjords du nord, sa peau très pâle, son port altier, défiant ce présent si misérable, qui laisse là deux enfants, sous la coupe du diable.
La main de l'enfant ne lâchera pas celle dont il admire la fougue et que souvent, il ne comprend pas. Comment le pourrait-il? Traduire les regards de mépris qu'elle lui lance parfois lorsqu'elle croise son regard émeraude, ou ses coups secs lorsqu'elle coiffe sa tignasse de flamme. Mais c'est sa sœur, son modèle, son guide, sa protectrice presque sa mère, la véritable s'étant perdu depuis longtemps dans le néant, dans un monde fait d'enfance sans sacrifice...
La blonde
Anna lui avait conté:
- il fut un temps où j'avais un père, doux et généreux"; le petit garçon se garda de lui demander pourquoi il n'était que sien puisqu'ils étaient frères; le géniteur d'Anna savait comment combler sa femme et sa fille malgré ces sombres années, il savait comment ramener son épouse vers la réalité, et les jours étaient heureux...
Le rouquin esquissa un vague sourire que la sécheresse d'un regard effaça.
- Et puis un jour, 'il' vînt.
Et plus rien ne fut pareil.
Et il n'eut plus de chaleur.
Plus de soleil."L'enfant subjugué gardait le silence, gravement, pour un bambin de 4 ans. Tout ce qu'il parvint à savoir, fut que ce père aimé ne revînt jamais, qu'il succomba à 'sa' venue. Alors le chérubin se mit aussi à haïr le responsable de cette disparition, et plus encore; lorsqu'il compris qu'il n'y avait plus que lui, dans le cœur de sa mère et dans celui de sa sœur, sa seule obsession...
De cette dernière nuit, naquit le dernier poison.
Leur nourricière à l'âme naïve l'appela
"Luciole", dérisoire lumière chétive qui illumina son enfance, lui rendant un peu de son insouciance...
La petite avait deux grands yeux azur, plus cristallins, plus pâles, deux yeux innocents et lumineux, deux turquoises étincelantes dans ce jeune corps. Et lorsque Luciole le regardait, Raphaël se sentait le grand-frère le plus important du monde, et ils oubliaient les vampires, effaçant toutes douleurs, ignorant la trop grande candeur de leur mère-enfant, ignorant la folie, le rejet qu'eux mêmes subissaient des derniers survivants d'Adam.[/i]
"Enfants du démon!" criaient les yeux des rares humains qu'ils croisaient, et l'aînée lançait quelques regards courroucés, douce Anna, qui les élevèrent, sévère Anna au cœur de pierre.
Plus tard, elle ne les protégerait plus.
Plus tard, elle partirait les rejoindre.
Qui?
Ceux qu'elle hait.
***
A t-elle réussi? Raphaël aujourd'hui s'interroge encore.
Est-elle en vie? Est-elle parvenue à ses désirs?
Devenir immortelle... Pour se venger à jamais? Pour les détruire de l'intérieur? Ou simplement pour exister?
Anna ne manquait pas de grandeur, parfois terrible, mais majestueuse. Elle était probablement morte aujourd'hui.
Comme elle, comme Luciole, comme...
Non, ne pas y penser.
Ne pas sentir ce cœur qui se déchire à chaque fois qu'un souvenir l'effleure... Sa népenthès, l'asphodèle de sa vie, son unique amour, son plus grand tourment...
Manon, son égérie, son espérance, sa substance de vie... Ses cendres...
Et les souvenirs affluent, balayant les quelques barrages sanglants. Et à ses yeux, perle la douleur, sinueuse et délicate, douce et précieuses larmes qui abreuveront encore son amertume.
Elle était belle, Manon, belle à vous en arracher le cœur, à vous soulever les tripes, belle à ne plus en dormir, à ne plus manger ni mourir, belle à la désirer chaque nuit, belle à en souffrir. Farouche et sauvage, ivre de liberté et de passion, sa Manon, sa déraison.
Doucement, elle lui avait insufflé son désir de rébellion, lui montrant que le monde n'était pas ainsi, que la vie pouvait être meilleure, et il apprît! Il dévora les grands auteurs, l'Histoire, avide de savoir, toujours plus.
Et Raphaël riait, et Raphaël vivait enfin, tenant Luciole par la main, oubliant Anna déjà loin, laissant se disperser les cendres de leur mère sans chagrin...
Manon, Manon l'insaisissable, la dévoreuse d'amour, capturée en des terres lointaines, dont Raphaël ne soupçonnait pas encore l'existence, elle eut de la chance, si on peut le dire ainsi, on lui attribua la besogne du palais, elle pouvait circuler, presque libre mais esclave. Manon l'avait été d'autres maux, jusqu'à qu'ils se rencontrent.
Sa fougueuse amante nourrissait des desseins audacieux, plus âgée que lui, plus brillante aussi, elle avait réveillé la résistance endormie, ouragan incandescent de ses braises amoindries, et là, de parts et d'autres, des voix retentirent, et la lumière revenait dans les esprits, et Luciole riait, riait aux éclats de voir son frère dans cet état là...
Le rouquin avait aidé, en habitant des forêts modestes, en galopins des maquis montagneux, il les avait guidé, dans leur soif de reconquête, de liberté.
Peut-être que certains avaient survécu, de ses affranchis, dont ils avaient brisé les chaînes. Leur petit groupe grandissait, il n'était que le maillon d'une chaîne non achevée. Mais elle a un prix, cette liberté.
Cette femme vorace lui déroba l'un de ses joyaux, une partie de son cœur...
Et Luciole s'envola vers des cieux meilleurs... Alors que ses entrailles étaient pillées par la race maudite...
Et lui, lui qui n'avait rien pu faire, lui qui n'avait rien vu venir.
Ce n'était que le début. Il était né en enfer, il y mourrait.
Mais de cette ivresse, de cet insupportable désespoir, une énergie émergea, Luciole renaissait en sa bouche, Luciole devenait sa manne, son inspiration, il décida d'user de sa flamme, d'éclairer les autres nations, de les révéler, d'appuyer sur ce fil destructeur, de donner l'impulsion aux hommes...
Et Manon, son amour, son âme, l'aida dans son labeur. Il écrivit, des lettres et tirades, des mélopées parfois, mais surtout, des allocutions enflammées et dérangeantes, qui furent envoyer à tout va, les grands journaux de ce monde y reçurent l'émoi fracassant d'un écrivain cinglant.
On le surnomma
Gavroche, son surnom résistant.
***
Qu'était il maintenant?
Un humble habitant des forêts, que les survivants côtoyaient parfois, certains vampires s'y risquaient, la curiosité les piquants sur cet homme des bois, sur cet ermite dont on ignorait tout...
Cette bête qui pourtant connaissait les rites et mœurs d'anciennes fées, les habitants maussades de villages alentours chuchotaient que l'ours de feu était fils d'une d'entre elles. Une femme aux cheveux auburn, que le vent caressait, dont le regard glacé, attendait au loin la venue de son sauveur masqué. De cette créature qu'on ne nommait.
***
Gavroche était mort en même temps que Manon, les dernières flammes de Luciole furent étouffées par les cendres de sa dulcinées, sa moitié d'âmes, son amour, sa dame, son égérie... Manon était partie.
Réplique tranchante des dirigeants de ce monde, à ses murmures écrits, Gavroche avait escaladé les corps et les seins meurtris, Gavroche l'avait brandit, ce mousquet enrayé, Gavroche avait périt sous les cadavres de ses alliés.
Et même si sa légende persista dans les mémoires des hommes épargnés, et dans celles des vampires, telle une épine gênante devant leur éternelle réjouissance, et même si le mythe alimentait encore la curiosité, la voix s'était tût, le chant rageur éteint, plus personne n'avait pu faire le lien.
Survivant loin de tout, son cœur morcelé, il était devenu celui qui s'efface, cette homme désabusé, ce Crusoé au regard d’émeraude, qu'on appelle, désormais...
"L’Écossais".
- Spoiler:
Bon je sais, ça va être difficile de jouer avec un tel personnage pour les interactions (mais j'aime les défis! xD)!
Ah zut, je viens de remarquer qu'il n'y avait aucune forêt T.T. Va me falloir un bon prétexte pour rôder dans la ville xD
(Help T.T)
Ps: Le rôle d'Anna est à prendre, j'en ferai une rapide synthèse (et puis je chercherai un avatar à sa mesure, ou le ferait construire ^^).